Pascal LOROT
Président
Face aux crises sanitaires, géopolitiques, énergétiques et technologiques, la souveraineté n’est plus un simple horizon politique : elle redevient un impératif stratégique. Elle ne signifie ni repli ni fermeture, mais la capacité fondamentale à produire, décider, protéger et coopérer en position de force. Avec ses 100 propositions, l’Institut Choiseul propose une feuille de route complète pour renforcer l’autonomie stratégique de la France et de l’Europe, en s’appuyant sur deux ans de travaux et 21 rencontres thématiques réunissant plus de 3 000 acteurs publics et privés.
Les chocs récents – pandémie, guerre en Ukraine, tensions commerciales, pressions sur les chaînes d’approvisionnement, incertitudes autour de Taïwan – ont révélé les vulnérabilités de nos modèles. Dépendances industrielles, fragilités agricoles, exposition aux ruptures technologiques, déficit de compétences stratégiques : c’est l’ensemble de notre appareil économique qui doit être repensé à l’aune de la souveraineté.
Cette souveraineté doit désormais s’exercer dans au moins huit champs clés, dont l’Institut Choiseul analyse les interdépendances :
Ce panorama traduit la conviction fondatrice de Choiseul : la souveraineté n’est pas un sujet sectoriel, mais un principe structurant de l’action publique et économique.
Au cœur de la souveraineté se trouve le capital humain. L’Institut Choiseul insiste sur l’urgence de reconstruire des filières d’excellence, de la cybersécurité aux métiers industriels en passant par l’agroalimentaire et le maritime.
Cela suppose de mieux orienter l’enseignement vers les besoins stratégiques, de valoriser l’apprentissage, de fluidifier les passerelles entre secteurs et de soutenir la formation continue. Une souveraineté durable ne peut exister sans une mobilisation coordonnée des talents, capables de faire vivre les chaînes de valeur dont dépend notre autonomie.
Qu’il s’agisse du numérique, de la défense, des infrastructures critiques, de l’énergie, du spatial ou encore de la cosmétique, un objectif se dégage : bâtir de véritables stratégies de filières et faire émerger des champions européens.
Cela implique de coordonner l’action des acteurs publics et privés, de moderniser les cadres réglementaires, de favoriser l’investissement dans les technologies critiques et d’appuyer l’industrie par une fiscalité plus compétitive.
L’Europe, lorsqu’elle agit comme puissance intégrée – via des mécanismes tels qu’un Buy European Tech Act ou des coopérations industrielles renforcées – devient un levier majeur de souveraineté.
La souveraineté ne pourra se renforcer qu’en intégrant pleinement les impératifs environnementaux et technologiques. L’Institut Choiseul appelle à accélérer la transition écologique – gestion de l’eau, circularité des métaux, data centers durables – tout en garantissant la sécurité des approvisionnements et la compétitivité des filières.
En parallèle, un effort massif doit être consacré aux innovations de rupture : technologies quantiques, nucléaire, hydrogène, biogaz, industrie 5.0. La capacité à investir en amont, à industrialiser rapidement et à maîtriser ces technologies conditionne notre autonomie future.
Ce document de l’Institut Choiseul s’impose comme une feuille de route stratégique pour les années à venir. Il synthétise l’expérience de centaines d’experts, mais il appelle surtout les décideurs – publics comme privés – à prendre la mesure de l’urgence : la souveraineté n’est plus un enjeu théorique, c’est la condition même de notre prospérité et de notre stabilité.
Et c’est en rassemblant formations, entreprises, filières industrielles, institutions et territoires que la France pourra réellement retrouver une autonomie stratégique durable et crédible.
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