
Anne Le HENANFF
Députée et Vice-présidente du groupe d’études sur la souveraineté numérique, Assemblée nationale
Si nos sociétés pouvaient se résumer à un grand corps numérique, les data centers en seraient le cœur. Véritables « usines à données », ils assurent le stockage, le traitement et la distribution des informations qui irriguent notre quotidien. Sans eux, pas de cloud, pas d’intelligence artificielle, pas de services publics numériques performants. Mais ces infrastructures ne sont pas neutres : elles concentrent des enjeux énergétiques, environnementaux, industriels et géopolitiques décisifs.
Ce nouveau Briefing s’inscrit dans le prolongement de notre 20ème Rencontre Souveraineté & Résilience, qui s’est tenue le 25 juin 2025 autour d’acteurs de premier plan : Anne Le Hénanff, Députée de la 1ère circonscription du Morbihan, Vice-présidente du groupe d’études sur l’économie, la sécurité et la souveraineté numériques à l’Assemblée nationale, Matthieu Cales, Président de Cap Ingelec, Benjamin Revcolevschi, Directeur général d’OVHcloud et Sami Slim, CEO de Telehouse France.
À l’heure où l’intelligence artificielle bouleverse les équilibres économiques mondiaux et où la concentration du marché entre les mains de quelques géants non européens pose un risque stratégique, les data centers s’imposent comme un levier majeur de souveraineté.
Les data centers ne sont pas de simples bâtiments techniques. Ils incarnent la capacité d’une nation à sécuriser ses données sensibles, soutenir l’innovation et accompagner la transformation numérique des entreprises et des administrations. Chaque dépendance externe est une vulnérabilité, chaque défaillance une menace directe pour la continuité de nos services essentiels.
La France et l’Europe disposent d’atouts majeurs pour consolider cet écosystème :
Les États-Unis dominent aujourd’hui le marché mondial, avec près de 3 000 data centers. L’Europe, elle, reste fragmentée : 456 au Royaume-Uni, 487 en Allemagne, environ 300 en France. Cette dispersion limite notre poids face aux hyperscalers américains et aux acteurs asiatiques.
La souveraineté ne réside pas dans l’autarcie, mais dans la capacité à choisir ses dépendances et à maîtriser ses infrastructures critiques. Or, l’hyper-concentration actuelle, couplée à la montée en puissance des besoins en IA et aux risques croissants de cybersécurité, accroît notre vulnérabilité.
À cela s’ajoute un défi environnemental majeur : les data centers représentent à eux seuls 46 % de l’empreinte carbone du numérique en France. Leur consommation énergétique et leur impact écologique doivent être anticipés et encadrés, sans freiner l’innovation ni la compétitivité.
La souveraineté numérique française et européenne passera par des choix clairs et assumés :
Faire des data centers un pilier de souveraineté, c’est investir dans l’avenir numérique de la France et de l’Europe. C’est assurer notre indépendance technologique, préserver notre sécurité et affirmer notre place dans la compétition mondiale.
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