
Paul MIDY
député de l’Essonne et membre, Conseil national du numérique
L’année 2023 a marqué une accélération historique de l’intelligence artificielle, portée par l’essor des modèles génératifs. Si les États-Unis dominent encore la course, la France ambitionne de bâtir une IA souveraine, éthique et compétitive. Recherche, startups, puissance de calcul, régulation : la réussite du modèle français dépend de sa capacité à allier excellence scientifique, vision industrielle et adhésion collective.
Portée par des fleurons comme Mistral AI ou Kyutai, la France dispose d’un écosystème d’intelligence artificielle en pleine effervescence. En 2023, plus de 3,2 milliards d’euros ont été levés par les startups IA françaises, et 590 structures y placent l’IA au cœur de leur modèle. L’Hexagone compte aussi 81 laboratoires d’IA, un record européen.
Mais le retard demeure face aux géants américain et chinois. En matière d’investissements cumulés (2013–2022), la France n’arrive qu’en 8e position mondiale. Le recrutement de talents, la disponibilité des données francophones et l’accès aux ressources de calcul constituent des défis majeurs.
La France s’appuie néanmoins sur une stratégie nationale structurée (2018–2025), renforcée par France 2030 et 500 M€ d’investissements supplémentaires annoncés pour les IA-clusters. Le CNRS, l’INRIA, la Sorbonne ou encore l’ENS Saclay forment les piliers scientifiques du modèle français.
L’enjeu désormais : industrialiser ces atouts, et faire émerger des champions capables de rivaliser dans la course aux usages et aux modèles fondamentaux.
Le développement d’une IA française ne peut s’envisager sans un ancrage dans les valeurs républicaines et européennes. Pour cela, plusieurs axes prioritaires émergent :
Le modèle français de l’IA ne sera pas une simple déclinaison technologique. Il doit devenir une incarnation de nos choix démocratiques, de notre puissance scientifique et de notre capacité d’industrialisation.
Faire émerger une IA à la française, c’est se donner les moyens de peser dans un monde façonné par les algorithmes. C’est aussi répondre aux enjeux de souveraineté, de justice sociale, et de compétitivité.
Dans cette course mondiale, la France ne peut jouer que si elle accélère l’investissement, libère ses forces vives, et propose une alternative crédible aux modèles dominants. Une IA souveraine ne se proclame pas : elle se bâtit collectivement, entre chercheurs, entrepreneurs, décideurs et citoyens.
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